Il n’est pas rare que certains soirs dans le Marais, bars et boîtes gays refusent l’accès aux filles. Au-delà du caractère discriminatoire et pour le moins condamnable de ce type de comportements, c’est d’autant plus problématique lorsqu’on sait combien la F.A.P. (entendre, « fille à pédé ») est un accessoire indispensable à la drague gay. En effet, quand au V.I.P. Room, l’hétéro aux dents blanches, cintré dans son costard De-Fursac-la-griffe-de-l’homme (à lire avec l’accent, merci), exhibe avec fierté une Rolex flambant neuve et qui pèse sans doute plus lourd que le bras qui la porte – c’est par ailleurs un accessoire sans grande utilité, il faut bien dire, puisqu’il continue de regarder l’heure sur son Iphone 3GS, bah oui, lire les aiguilles dans le noir et les flashs stroboscopiques, c’est pas très facile, hein – ou se pavane au volant de la toute dernière BMW série Z (« elle est belle, hein, mais qu’est-ce qu’elle suce… Et toi ? »), le pédé, lui, exhibe… sa F.A.P.

What the F.A.P ?!

La F.A.P., pour ceux qui auraient encore des doutes, c’est bien celle qui vous appelle mon chéri – voire ma chérie, au choix – à tout bout de champ quand elle n’utilise pas d’autres surnoms plus honteux, celle qui vous embrasse toujours sur la bouche quand elle a trop bu, mais celle qui, quand elle a vraiment trop bu, peut s’avérer la pire des homophobes (et ne plus s’en souvenir le lendemain), celle qui, pendue à votre bras, vous entraîne dans ces après-midis shopping qui s’achèvent souvent à la terrasse d’un café à mater le cul des mecs, celle qui n’hésite pas une seconde à se mettre à poil devant vous, parce que vous êtes pédé et donc que les chattes, ça vous dégoûte, CQFD, celle avec qui vous parlez de vos histoires de cul sans jamais lui épargner les détails, celle qui vous a obligé de jurer que si à 35 ans, elle n’avait toujours pas d’enfant, vous deviez lui en faire un et/ou que si à 40 ans, elle n’était toujours pas mariée, vous deviez l’épouser sur le champ, celle qui veille sur vous comme veillerez votre mère, vous demande si vous mangez assez et si vous dormez suffisamment, celle qui vous oblige à jurer que vous mettrez une capote, quand, en fin de soirée, elle vous voit partir avec le fils spirituel de Carlos et Serge Gainsbourg (en mode Gainsbar) – on n’a pas toujours du premier choix, merde ! –, celle qui vous appelle en larmes à quatre heures du matin – ah bon, tu dormais ? – pour vous raconter son énième rupture avec l’homme de sa vie, un cinquantenaire libidineux, marié, trois enfants, une Rolex, une BMW et adepte du V.I.P. Room !

Prête-moi ta F.A.P.

Un pédé sans sa F.A.P., c’est comme Eddy sans Patsy, c’est Absoloutly Impossibeul ! Dans un lieu de drague gay, où elle est purement et simplement exclue du jeu de séduction – et elle ne s’en accommode souvent que trop bien – la F.A.P. sait s’investir dans la recherche d’un partenaire pour votre nuit et vous mettre en valeur en initiant au moment opportun – i.e. quand le seul beau mec de la boîte daigne enfin jeter un coup d’œil sur vous… à moins que ce ne soit sur le mec d’à côté – ce petit pas de danse qu’ensemble, vous avez soigneusement appris en regardant attentivement le dernier clip de Lady Gaga.

Mais attention, toutes les F.A.P. ne se valent pas. Si elles savent à peu près toutes repérer les mecs canons – elles confondent néanmoins trop souvent leurs goûts avec les vôtres : non chérie, ce mec à Rolex ne me plaît pas du tout ! –, certains modèles un peu plus sophistiqués peuvent aller leur parler voire jouer les entremetteuses (comme à la cour de récré). Mais attention aux excès de zèle, certaines F.A.P. de compétition finissent par en faire trop et vous piquent carrément la vedette, en devenant les reines de la soirée. Celles-là sont donc à éviter.

F.A.P. Me I’m Famous

Ne vous y trompez pas : la F.A.P. représente un investissement non négligeable. À la longue, elle vous coûtera sans doute plus cher qu’une Rolex – ok, chéri, je veux bien t’accompagner dans ta boîte à pédés, mais tu m’achètes la robe de chez Rykiel, tu sais, celle dont je t’ai parlé et tu me rinces au champagne toute la soirée ! – mais c’est cependant l’assurance de passer une bonne soirée et, on croise les doigts, une nuit agitée.

Alors, n’abandonnons pas nos F.A.P. à l’entrée des boîtes de nuit ! Luttons pour la réintégration de la F.A.P. dans les lieux de drague gay ! Touche pas à ma F.A.P. !




Mister Sac à Main



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